Culte du secret, relativisme religieux, participation active à la laïcisation de la société : depuis ses origines, la franc-maçonnerie a suscité l’hostilité et la condamnation constantes de l’Église catholique.
Evoquant récemment dans un livre d’entretiens son parcours de pasteur luthérien devenu prêtre catholique, De Luther à Benoît XVI (Édi tions de L’Homme nouveau), le père Michel Viot l’a sous-titré Itinéraire d’un ancien franc-maçon. “Ancien”, parce que avant de rejoindre l’Église catholique, en 2001, le père Viot avait quitté, en 2000, la Grande Loge nationale de France. Un itinéraire qui rappelle, contre ce que l’on croit parfois, que l’appartenance à la franc-maçonnerie demeure incompatible avec l’appartenance à l’Église catholique : une interdiction constante, rappelée encore en 1983 par Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avec l’assentiment explicite de Jean-Paul II.
La condamnation par l’Église de la franc-maçonnerie est presque aussi vieille que celle-ci. Avant même qu’elle se mue en maçonnerie “spéculative”, c’est-à-dire à visée philosophique, la maçonnerie “opérative”, c’est-à-dire simple lieu d’initiation, se heurta à la méfiance de Rome envers les confréries secrètes, condamnées notamment lors du concile d’Avignon (1326). Mais la première condamnation réelle de la maçonnerie date de 1738, avec la bulle In eminenti, de Clément XII, qui en frappe les membres d’excommunication. Les accusations sont alors de trois ordres : le secret, le relativisme religieux (toutes les croyances étant placées sur le même plan), le travail de sape opéré contre l’ordre traditionnel des sociétés. Des griefs qui demeurent encore actuellement, enrichis d’autres, plus philosophiques.
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