L’évangélisation est une démarche culturelle
L’évangile est une histoire, celle d’un Dieu fait homme qui vient annoncer une bonne
nouvelle, une bonne nouvelle qui est d’abord une démarche d’amour avant d’être la révélation théologique de la nature même de Dieu.
La bonne nouvelle, c’est une parole de libération vécue au quotidien
d’abords par des actes. A la question des disciples de Jean « Maître, es tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? », Le Christ ne répond
pas par un discours thélologique ou métaphisique. Il répond « Allez dire à Jean : les boiteux
marchent, les sourds entendent, les aveugles voients, les morts ressuscitent ». Autrement dit, jugez l’arbre à ses fruits.
De même, après la résurrection du Christ, il n’est pas dit des apôtres qu’ils sont calés, qu’ils ont une grande science
des écritures ou qu’ils sont de grands théologiens. Il est dit d’eux " voyez comme ils s’aiment ". Pour
la 1ère fois dans l’histoire, l’amour est clairement désigné et proposé comme moteur de la construction sociale.
La chrétienté s’est construite au fil des siècles, d’abords par une volonté de mettre en pratique l’évangile avant que la synthèse
de la philosophie et de la foi ne soit réalisée par saint Thomas, à la fin du XIIIe siècle alors que l’europe est déjà chrétienne. Pour évangéliser, les hommes n’ont pas eu besoin d’une
doctrine mais ont mis en œuvre une attitude culturelle et morale qui transforma les cœurs, les lois politiques et sociales.
Ultérieurement, la doctrine sociale de l’église, si nécessaire aujourd’hui face à la destructuration de la société, n’a été
élaborée petit à petit qu’à la fin du XIXe siècle. La doctrine sociale n’est donc pas une construction intellectuelle mais la synthèse concrête d’une expérience humaine et sociale vécue depuis
des siècles.
Le christianisme est donc d’abords une attitude culturelle de construction sociale reposant sur la certitude que de la
forme donnée à la société dépend et découle à la fois le bien commun et le bien de chacun et que l’un et l’autre sont indissociables.
Loin d’être une société parfaite, la chrétienté, fruit imparfait d’hommes imparfaits, est en réalité une quête de
perfection, permettant au plus grand nombre d’aimer et d’être aimés, et ce malgré les imperfections, erreurs et même les crimes. Le bien, le beau, le juste ne cessent dans cette
perspective d’être encouragés tandis le mal ou le laid y sont reconnus comme tels, sans être justifiés parce-que commis ( adultère, avortement, union hors mariage, infanticide, torture…)
La première des charités qui s’imposent aux laïcs chrétiens est de redonner du sens et du goût à la vie de leurs
contemporains, à commencer par les plus proches.
La première des charités qui s’imposent aux laïcs chrétiens est de donner et redonner quelque chose à aimer et à
admirer à nos contemporains, en leur proposant une autre vision de l’homme qui parle à la fois à leur cœur et à leur intelligence.
La première des charités qui s’imposent aux laïcs chrétiens est de proposer, d’incarner et de faire
passer dans ce monde dominé par le médiatico-politiquement correct d’autres valeurs que celles prônées aujourd’hui et dont les fruits sont
visibles.
Dans les conditions actuelles de déracinement national, d’indifférentisme moral et de doute intellectuel, il est
impossible de remédier au mal socio-culturel par la seule et première affirmation de vérités doctrinales et/ou relatives à la foi de même qu’il est urgent que le champ ouvert de la culture ne
soit pas occupé uniquement et principalement comme c’est le cas aujourd’hui par le médiatico-politiquement correct.
L’évangélisation est avant tout une démarche reposant sur des initiatives multiples de conquête et de reconquête des
esprits et des cœurs pour construire cette civilisation de l’amour qui est la mission de tous, avec un rôle spécifique pour les laïcs chrétiens et nécessitant de leur part une attention
toute particulière à une formation permanente :
« Dans le concret, on rappellera deux tentations
auxquelles ils( les laïcs) n’ont pas toujours su échapper : la tentation de se consacrer avec un si vif intérêt aux services et aux tâches d’Eglise qu’ils en arrivent parfois à se
désengager pratiquement de leurs responsabilités spécifiques au plan professionnel, social, économique, culturel et politique ; et, en sens inverse, la tentation de légitimer l’injustifiable
séparation entre la foi et la vie, entre l’accueil de l’Evangile et l’action concrète dans les domaines temporels et terrestres les plus divers. »
« Pour une animation chrétienne de l’ordre temporel, dans le sens que nous avons dit, qui
est celui de servir la personne et la société, les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à l’action multiforme, économique,
sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions le bien commun. Jean-Paul
II Christi Fideles Laïci (1988)
« La priorité reconnue à la conversion du cœur
n’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligation d’apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour
qu’elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d’y faire obstacle. » Catéchisme de l’Eglise catholique,
n°1888
La « formation doctrinale des fidèles se révèle de nos jours de plus en plus urgente... Il est
tout à fait indispensable que les fidèles laïcs aient une connaissance plus précise de la doctrine sociale de l’Eglise... La formation n’est pas le privilège de certains, mais bien un
droit et un devoir pour tous. » Jean-PaulI ,ChristiFideles Laïci (1988)
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