Ariño est un jeune auteur qui a écrit sur l'homosexualité et la culture homosexuelle. Dans
ses livres, comme sur son
site, il ne cache pas que ces questions ne sont pas extérieures à lui-même, mais qu'il les vit dans sa chair, dans ses désirs, dans son coeur : il est
homosexuel. Il ne cache pas non plus une deuxième réalité : Il croit en Dieu, il aime l'Eglise. Vraiment.
Sur
son site, il explique pourquoi le discours de l'Eglise sur l'homosexualité lui apparaît profondément juste et même humanisant, et comment il essaye, peu à peu, de progresser sur le
chemin qu'Elle propose. Sans cacher les combats difficiles à travers lesquels il a à passer. La première partie est ici.
D’où vient ce désir
homosexuel ? Peut il se « convertir » ?
Ce n’est pas souhaitable de mettre l’homosexualité sur le terrain de la génétique ou de la maladie
du simple fait qu’elle n’est pas un choix. Pour autant, même si je ne prétends pas trancher entre l’inné et l’acquis (car pour moi, l’homosexualité reste une énigme à ne pas élucider complètement
pour laisser à celui qui la ressent une complète liberté, pour ne pas la transformer en destin, pour ne pas « pathologiser » ni essentialiser le désir homosexuel et lui donner trop d’importance
par rapport à la personne homosexuelle), j’ai constaté que le désir homosexuel était à la fois la marque d’une blessure liée à un contexte de violence réel (viol, inceste, mépris de soi, désir
d’être objet, isolement amical, etc.) et aussi le révélateur de coïncidences et de terrains porteurs (déterminants ou non) marqués par une absence de désir.
Alors bien sûr, il faut être très prudent quant aux thérapies collectives et à toutes ces sectes qui
stigmatisent « les » homosexuels et les réduisent à leur désir homosexuel pour mieux le leur ôter et faire croire à une miraculeuse conversion à «l’hétérosexualité». Personnellement, je n’y crois
pas, entre autres parce que je ne considère pas l’orientation homosexuelle comme déterminante de l’intégralité de la personne qui la ressent, ni comme le mal absolu. En plus, ce qui se joue au niveau de la sexualité est très mystérieux et profond : je ne crois pas qu’on puisse changer complètement quand on
est homosexuel, sauf ceux qui se sentent bisexuels. Cela dépend de la profondeur de l’ancrage de l’homosexualité en nous.
Bref, la blessure homosexuelle reste
une énigme dont je n’ai pas les clés. Après, nous avons tous quelque chose en nous à guérir… et il est clair que le désir homosexuel, si on s’y adonne, blesse, et indique une
fragilité dont il faut prendre compte. J’ai vu chez les personnes homosexuelles qui m’entourent beaucoup de frustration, de peur, de timidité, de haine de soi, de misanthropie (déclinée en
misogynie ou en misandrie), de manque de confiance en soi. Cela n’est pas spécifique au désir homosexuel (il existe d’autres désir dispersants), mais le désir homosexuel est marqué par ce
désordre.
Comment comprenez-vous et vivez-vous
votre orientation sexuelle ?
Au moment où je vous écris ces lignes, j’essaie de la vivre dans la continence. Après 29 ans de
célibat complet, puis une période d’un an et demi d’expérimentation de la relation charnelle homosexuelle avec des garçons, je reviens doucement mais sûrement à la continence. En tout cas avec
plus d’assurance. Cette promesse reste à confirmer sur la durée et la joie. Mais pour l’instant, ça semble en bon chemin ! Mon cœur est brûlant, et plus brûlant qu’avant !
Peut on devenir libre par rapport à
cette tendance ? Dieu peut il aider une personne homosexuelle à vivre la chasteté ? Ne pourrait on pas se suffire d’encourager la fidélité ?
Oui, je crois en la puissance
d’action de Dieu en nous. Après, cette action n’est ni spectaculaire (on ne demande pas à un blessé de courir le 100 mètres !), ni euphorique, ni un appel au mariage forcé, ni un
encouragement à l’abandon de son désir homo. Au contraire, plus on s’approche sans peur de son désir homosexuel et du « milieu homo » pour les reconnaître et comprendre comment ils fonctionnent,
moins on a de risques de se confondre avec lui et de le laisser diriger notre existence.
Sinon, bien évidemment, j’encourage au respect des couples homosexuels et au soutien de la fidélité
en leur sein, sans pour autant se leurrer sur leur fragilité objective. Il n’y a pas à idéaliser l’amour homosexuel, car il possède
beaucoup de limites (et pas seulement parce que la société lui mettrait des bâtons dans les roues ; c’est le désir homosexuel qui est, par nature, faible et violent). Il n’y a pas
non plus à lui retirer le qualificatif d’ « amour », car même si c’est un amour limité, il est, à de rares occasions, le lieu de l’échange de différences, de tendresse, d’engagement sincère,
qu’on ne peut pas négliger.
(…) J’avoue qu’à ce jour, je n’ai jamais rencontré de couple homo qui m’emballe vraiment (et
ce n’est pas faute d’en avoir rencontrés !). Mais il ne faut jamais dire jamais. Mon scepticisme n’est pas fermé. Si je tombe un jour sur un couple homosexuel qui me semble solide et heureux sur
la durée, je n’hésiterai pas à l’exprimer. Je peux juste dire à l’heure actuelle « J’attends de voir… », même si je ne suis toujours pas convaincu par la force de l’amour homo et que je sais de
mieux en mieux pourquoi.
Que lire sur le sujet (soit
sur l’homosexualité, soit sur la position de l’Église) ?
Je ne peux que te renvoyer à Xavier Thévenot, Jacques Arènes, ou encore Xavier Lacroix ; ou, dans un
registre profane et psychanalytique, mais non moins solide, Jean-Pierre Winter. Je n’ai pas trouvé mieux ! Et puis bien sûr, mon livre… ;-)
Que penser des mariages entre
personnes homosexuelles et sur l’adoption d’enfants de leur part ?
J’en parle justement dans mon essai. En quelques mots, je ne suis favorable ni au mariage entre personnes homosexuelles, ni à l’adoption d’enfants. Dans les deux cas, c’est
au nom du respect de la différence des sexes (que consolide le mariage d’amour vrai) et de la réalité de la famille, que j’avance cet avis. Attention, quand je dis ça, je mets fortement en garde contre une sacralisation
nataliste de la procréation, ou une idéalisation de la différence des sexes. Il ne suffit pas que les enfants soient physiquement là, ou qu’un couple soit composé d’une femme et d’un homme, pour
que l’amour soit là. Il faut non seulement que la différence des sexes soit présente mais aussi qu’elle soit couronnée par le désir vrai et libre entre deux personnes différemment sexuées, et
ensuite par l’arrivée des enfants, pour pouvoir vraiment parler d’amour puis de famille.
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