La « christianophobie » est un fait prévisible (« vous n’êtes pas du monde », « trouvera-t-on la foi
sur terre ? », « bienheureux ... ») et sa manifestation est violente avec des milliers de morts chaque année. Les chrétiens sont la communauté la plus persécutée dans le
monde [1].
Des manifestations insidieuses
Mais la « christianophobie » prend des formes plus élaborées d’hostilité envers la
religion, qui, « dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la
majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans
compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays » [2].
Cette hostilité bénéficie de la solidarité active du politiquement correct et des médias avec les
plus grosses ficelles de la désinformation pour cantonner la foi dans le domaine privé. La règle du jeu est très simple. Les chrétiens souffrent et sont
exemplaires, il ne faut pas le dire au nom de la laïcité. Les chrétiens heurtent le politiquement correct, ils sont critiqués ridiculisés, caricaturés pour discréditer la cause. Si par contre
un chrétien se comporte mal, sa faute est immédiatement publiée. Si un chrétien émet une réserve ou fait part d’un doute vis-à-vis de l’Eglise, de préférence sur une question morale, il passe
au vingt-heures, il est le plus éclairé des hommes. Si c’est un clerc, alors la reconnaissance médiatique lui est assurée tant que son témoignage peut servir d’argument contre l’Eglise même si
la gloire des Judas a toujours une fin douloureuse. Cette utilisation de la pression sociale, a pour effet d’imposer une loi du silence et incite les chrétiens à ne pas témoigner de leur foi ni
de leurs différences, en se résignant au discours de la discrétion sous couvert d’humilité. La stratégie d’intimidation atteint ainsi son but et démontre que la foi n’a aucun impact dans la vie
publique. C’est bien une affaire privée dont il ne faut parler jamais.
La lâcheté des politiques
La « christianophobie » profite aussi de la lâcheté des responsables politiques qu’elle
terrorise. « Si tu le relâches, tu n’es pas l’ami de César .... » [3] . La réunion des ministres européens des Affaires étrangères, tenue à Bruxelles le 31 janvier, n’a pas voulu mentionner le
mot « chrétien » prévu dans une déclaration sur la liberté religieuse au point d’ajourner la discussion. Le même jour le comité des ministres du Conseil de l’Europe adopte une
résolution sur la liberté religieuse sans faire mention du christianisme au point qu’une semaine plus tard l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe dans sa recommandation sur la
« violence à l’encontre des chrétiens » au Proche et au Moyen Orient rappelle que « la chrétienté a pris sa source au Proche-Orient, il y a 2000 ans » et invite à lutter
contre « les préjugés et la christianophobie ». Enfin ! Cette série illustre la pression sur les politiques d’autant plus forte qu’ils sont sensés disposer de plus de
pouvoir.
L’injustice de la « christianophobie » pèse sur les chrétiens mais nuit aussi gravement à tous
les hommes. D’une certaine manière le chrétien sait que c’est difficile et connaît le « prix à payer » [4]. En acceptant
l’humiliation, de souffrir et de perdre sa vie, il sait qu’il n’y a pas plus grande preuve d’amour.
Une guerre inhumaine contre l'homme lui-même
Il est pourtant légitime de rappeler que tous les hommes et les chrétiens n’y font pas exception, ont droit au respect de leur
personne, de leur vie, de la vérité, de leur liberté pour chercher la vérité. Il y a donc un message très politique dans la déclaration de Benoît XVI, le 1er janvier, en faveur de la liberté
religieuse chemin de paix. S’il s’agissait seulement de la vie privée des chrétiens, le Pape implorerait en effet pour eux la pitié contre une loi juste ou injuste. Mais l’argument de l’Eglise
vaut pour tous les hommes et démontre combien la « christianophobie » mène une guerre coupable et inhumaine contre l’homme lui-même, contre tous les hommes.
Un Etat qui laisse persécuter les chrétiens se détruit lui-même car la liberté religieuse est au fondement d’un Etat de droit.
S’adressant au corps diplomatique Benoît XVI déclare « la religion est une force positive et propulsive pour la construction de la société civile et politique. [...] Exclure la religion de
la vie publique, c’est enlever à cette dernière un espace vital qui ouvre à la transcendance. [...] La société elle-même, en tant qu’expression de la personne et de l’ensemble de ses dimensions
constitutives, doit donc vivre et s’organiser en sorte de favoriser l’ouverture à la transcendance. » Ne pas protéger la « liberté religieuse »,
c’est ne pas permettre la recherche libre de la vérité qui ne s’impose pas par la violence mais par « la force de la vérité elle-même ».
Des catholiques qui ne se cachent plus
Que faire ? Marc Baudriller dans son livre « Les Réseaux Cathos » dresse l’inventaire de ces catholiques qui ne
se cachent plus. L’ « outing » [5] des chrétiens est un manifeste en faveur de la liberté religieuse. Cette liberté exercée et revendiquée est
« un apport valable à la promotion du bien commun » et favorise l’ouverture de tous à la transcendance en brisant le nouveau totalitarisme médiatique qui s’impose au regard de l’homme
comme une « cataracte ». L’Eglise revendique la liberté religieuse pour tous les hommes. « Je pense qu’aujourd’hui nous dit Benoît XVI, l’Église devrait aussi ouvrir un espèce de
“parvis des Gentils” où les hommes puissent en quelque sorte s’accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d’avoir trouvé l’accès à son mystère ». Denis Tillinac, vient de publier un
« Dictionnaire amoureux du catholicisme ». Il déclare au Point : « je me dis que l’Église est invincible. Tôt ou tard, les Occidentaux s’apercevront à
nouveau qu’elle peut les sauver du chaos ».
La béatification de Jean-Paul II fait résonner son message comme au premier jour : « n’ayez pas
peur !... »
Les chrétiens, en dénonçant les tabous de la « christianophobie », en témoignant de leur foi, assumée en
dehors de la sphère privée et dans l’exercice de leurs responsabilités sociales, humaines, économiques et politiques, rendent à tous les hommes le plus grand des services : l’exercice du droit légitime à la liberté religieuse pour chercher la vérité qui rend libre.
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