L’année dernière, ce blog s'est engagé sur ce dossier. Il ne l'a pas fait seul et a noué au fil du temps des contacts avec associations, personnalités, métalleux. Et cela continue. L'action, comme je l'ai écrit à plusieurs reprises, s’incarne dans la durée.
Le métal est un monde dans lequel co-existent de nombreuses sensibilités, tant en terme de genre musical que de croyances ou de non-croyances. Ostraciser le métal "globalement" et a-fortiori ses adeptes serait commettre une erreur de discernement, ce qui n'empêche pas néanmoins une démarche "critique"
C'est une évidence en effet que certains groupes véhiculent des messages de haine, de violence, de pornographie, de christianophobie ou de satanisme; et quelquefois plusieurs de ces "revendications". Cela pose problème et on ne peut que s'étonner que les pouvoirs publics laissent faire.
A une écrasante majorité, les métalleux sont indifférents ou agnostiques et peu se déclarent vraiment athés, a fortiori satanistes.
Cette indifférence ou ce rejet plus ou moins virulent ont plusieurs sources. Qui peuvent être l'éducation ou l'enseignement reçus, des influences extérieures, les contre-exemples comportementaux de catholiques d'hier ou d'aujourd'hui, une perte de la foi, la religion percue comme une aliénation ... mais aussi un phénomène d'entrainement, des expériences ésotériques, et pour certains une allégeance revendiquée au prince des ténèbres, comme pour Marylin Manson et beaucoup d'autres dont le hellfest est une vitrine, entre autres.
Pour une partie des métalleux, "Dieu n'existe pas et serait une invention judéo-chrétienne destinée à transformer les hommes en moutons et à les parquer dans des espaces grillagés par les interdits sociaux". Ce n'est d'ailleurs pas, soit dit en passant, une façon de voir propre aux métal. C'est une constante dans tous les laïcismes, qu'ils soient libéraux, socialistes, communistes, fascistes, nazis... On a tous en mémoire la phrase de Marx " la religion, c'est l'opium du peuple" ou celle de Voltaire " Écrasons l'Infâme!", l'infâme étant le Christ et l'église.
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Curieusement, on observe que le métal s'est créé, en 40 ans d'existence, des codes, des croyances, des symboliques, des rites, un langage, des images, une rhétorique, des évènements, des concerts-grands messes ...bref un ensemble d'attitudes et de comportements revendiqués au choix, au nom de :
une "culture" libérée de toute contrainte,
une "culture" nouvelle,
une "contre culture" .
Les slogans du hellfest de cette année " Our music, our religion" ou "our music, our battle" ne sont donc pas surprenants et beaucoup de métalleux se retrouveront dans cette double assertion : " fais ce que tu veux sera toute la loi" et " vis pleinement ce que tu ressens en toi". Par contre, nombre de métalleux ne doivent pas connaître l'auteur de ces 2 assertions.
Ces réalités comportementales sont étudiées par aussi bien les Pères Robert Culat et Benoit Domergue ou encore le sociologue Nicolas Walzer ou Jean-Marie Dessaivre. Ils y étudient les uns et les autres différents aspects du métal y compris le sens donné par la "culture métal" au mal, à la mort, à la souffrance, à la puissance, aux ténèbres, à Dieu, à Satan aussi. A travers ces approches, nous découvrons le sens que les métalleux donnent à leur vie, à la liberté, à l'amour, à la solidarité, à la relation à l'autre, au plaisir, au bonheur...
Ce qui est intéressant, au delà des différences d'approche et/ou des sensibilités de ces spécialistes, c'est qu'ils reconnaissent tous finalement qu'il y a dans le métal des tendances dangereuses ainsi que des dérives sectaires en puissance, ce que la Mivilude confirme en alertant : La fréquentation assidue de concerts de Metal n'est pas sans risque.
Lors de la table ronde en 2010, Robert Culat aura ces mots concernant les groupes extrêmes : "Pardonnes leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" tandis que le Père Domergue dira de son côté " C'est inacceptable".
"Pardonnes leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" : pas tous, et je veux ici parler des organisateurs, de leurs soutiens et des groupes qui posent problème.
"C'est innaceptable" : sûrement au regard de la programmation et de l'affiche 2011, en rappelant au passage que dans la programmation du furyfest dont le hellfest est l'héritier figuraient déjà des groupes extrêmes.
Par ce 1er billet, je veux m'adresser d'abords aux métalleux comme le fait par ailleurs le chafouin. Si je suis disposé au dialogue, il faut que celui-ci se fasse entre personnes soucieuses de respect, capables de confrontation constructive et d'écoute. Capables par exemple de s’interroger, en vérité, sur la part d'ombre et de lumière du métal, sur le sens des mots respect, culture ainsi que sur les relations du métal extrême avec la mouvance sataniste. Etre critique sur la société et le christianisme : OK ! Mais avec de la réciprocité et certainement pas dans la haine et la provocation ! En observant, au passage, que le métal extrème se garde bien de s'attaquer à la religion musulmane ou juive : ce n'est bien sûr pas ce que je souhaite mais pour une culture se revendiquant "transgressive", c'est plutôt "interpellant" comme on dit !
Si des centaines de milliers de chrétiens sont blessés, n’y a t-il pas lieu de le prendre en compte et de l’entendre ? Tous ces chrétiens blessés ne sont tout de même pas tous des abrutis comme il est écrit par exemple sur des blogs de métalleux et me concernant. En faisant observer que pour ma part, je n'ai jamais attaqué les personnes en les traitant de dégénérés comme je l'ai lu sur un blog que je ne citerai pas.
Et si les catholiques ne sont pas tout blanc, le métal l’est-il ? Quand le groupe Sexion d’assaut est interdit de concert, n’y a t-il pas lieu de s’interroger quand dans le même temps, des groupes invitant à des attitudes et gestes ouvertement contre culturels ou cathophobes sont autorisés ? Pourquoi tant de haine s'interroge d'ailleurs Radio Métal ? La polémique sert-elle ou dessert-elle l'image du métal ? Faut-il attendre une décision de justice, inéluctable si rien ne bouge ? Quand Anal Cunt est invité, à qui fera t-on croire que c'est du folklore ? La férération nationale des déporté et internés a dailleurs réagi.
Certains pensent que ce questionnement sera sans suite : on verra bien...l'issue d'un tel questionnement ne m'appartient pas. Par contre, le questionnement relatif à la culture chrétienne et à la culture tout court, c'est tout autre chose...
Le métal va t-il entrer dans l'âge adulte comme l'écrit Nicolas Walzer ? Les métalleux vont-ils enfin se désolidariser de ces attitudes et comportements indignes d'une culture revendiqué comme tolérante... et le signifier clairement ?