LES YEUX OUVERTS
Voir, Comprendre et Agir pour le bien commun
Valeurs actuelles donne la parole à Dominique Souchet (député MPF), qui a voté contre le projet de loi bioéthique :
"Le projet de loi de bioéthique constituait une occasion unique de trouver le bon équilibre entre les aspirations de la science et le respect de la dignité de la personne. En adoptant plusieurs amendements, nous avons encouragé les recherches sur les cellules souches du sang de cordon et placentaire, qui ne posent pas de problèmes éthiques. En réponse à ma proposition, le gouvernement s’est également engagé à développer sur fonds publics la recherche médicale consacrée à la trisomie 21.
Ces améliorations, bien que nécessaires et utiles, ne m’ont pas conduit à voter le projet de loi, car il contient de nouvelles transgressions que nous devons continuer de combattre.
En élargissant considérablement le champ de l’assistance médicale à la procréation, qui ne sera plus subordonnée à aucune durée de vie commune, le projet de loi multiplie les possibilités de dérives. L’approbation d’une nouvelle technique de congélation pour les ovocytes, la vitrification, pourrait apparaître comme un moindre mal si l’on interdisait dans le même temps la création d’embryons surnuméraires – plus de 150 000 en France – et leur cryoconservation. Or, le législateur s’y refuse. Ne soyons pas naïfs : dans un tel contexte, la vitrification aboutira à la constitution de deux stocks distincts approvisionnés, au gré de l’humeur des parents et des médecins, en ovocytes et en embryons, et prépare de redoutables conflits d’intérêts entre scientifiques et industriels. La principale hypocrisie du texte concerne la recherche sur l’embryon. Car, que peut bien signifier une interdiction qui admet de multiples dérogations ? [...]La fin du moratoire offrait une occasion historique de mettre fin à la recherche sur l’embryon, car nous savons maintenant que la recherche peut avancer autrement. Le moment était venu d’inscrire dans la loi le respect dû à l’embryon humain et le refus de le considérer comme un simple matériau de laboratoire. Cette occasion a été manquée en première lecture. Face à un texte aussi transgressif, il était essentiel de se placer résolument dans le camp des défenseurs de la vie et de la dignité humaine. J’attends de l’examen au Sénat et en seconde lecture à l’Assemblée qu’il rouvre le débat sur ces points essentiels.”